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Les Saintes-Chéries « Ève et la vie parisienne »

Par rodmann, mardi 6 février 2024.



Il s’agit bien de Dario Moreno, le chanteur très discret sur sa vie privée, car le régime de Vichy n’est guère tolérant envers les homosexuels [1], mais tellement à l’aise dans un rôle extraverti censé être exubérant, mais qu’il joue plutôt dans le registre de la follasse.

« Ève et la vie parisienne », le titre de l’épisode qui résume à lui seul la série. Dans les périples de la vie nocturne parisienne, Pierre Lagarde doit « sortir » un client étranger, incarné par Dario Moreno. C’est une sorte de rite pour tous les commerciaux de France, sortir le client, le divertir, lui faire découvrir la vie nocturne parisienne.

Dario Moreno s’en donne à cœur-joie dans ce rôle presque sans dialogue. Il en fait des caisses et ça lui bien. Il faut dire que ce chanteur d’opérette d’origine turque aime la comédie. De son vrai nom David Arugete, il est né en 1921 près d’Izmir, et mort en 1968 à Istanbul [2]. Sa carrière s’est faite en Turquie et en France, avec des opérettes, ses disques et aussi ses nombreux films, jouant souvent des personnages méditerranéens, ou orientaux comme c’est censé être le cas ici.

Disque de Dario Moreno

Cette série est un véritable « femme moderne : mode d’emploi », sous la plume de Nicole de Buron, qui adapte ici ses romans. Les situations les plus inattendues et burlesques s’ancrent parfaitement dans la vie très familière d’un couple parisien. Les Saintes Chéries déploie un féminisme pétri d’autodérision et d’humour, mis en relief par une petite voix off qui nous vend du rêve.

La mise en scène de Jean Becker est totalement inspirée des vaudevilles théâtraux, les comédiens (Micheline Presle, Daniel Gélin, Marthe Mercadier, Christian Alers) occupent tout l’espace visuel, les dialogues fusent et les bonnes vannes s’enchaînent. La qualité des Saintes Chéries ne s’est pas vraiment altérée avec le temps, l’énergie du théâtre, le rythme du sitcom, un cocktail jubilatoire mais critique, des trente glorieuses.

En 1965, l’unique chaine de télévision ORTF, diffuse cette série de courts épisodes pour seulement 3 saisons, mais qui est devenue mythique. Le personnage d’Ève est extrêmement positif, plein d’esprit, incarné par une Micheline Presle sur mesure. L’actrice apporte l’énergie et la gouaille d’une femme qui s’émancipe de son rôle de maitresse de maison, mais sans jamais vouloir jouer la femme parfaite comme Samantha Stevens. On peut le voir au titre des premiers épisodes, Ève et son mari, Ève à la maison, Ève au volant, Ève et ses enfants… à chaque épisode un nouveau défi à relever pour Ève la féministe, sous l’œil bienveillant d’un mari qui l’aime, qui ne cherche pas à lui être supérieur, et qui l’accompagne dans son épanouissement.

Et en prime quelques vedettes comme Dario Moreno pour cet épisode, qui laisse exploser son talent et comique et queer, à tel point que son personnage en devient cryptogay.



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Notes et bibliographie :