> [ .FR ] français > sources > Séries

Punky Brewster « Fille ou garçon ? »

Par rodmann, lundi 11 mars 2024.


Eh non, Punky Brewster n’est pas un garçon [manqué].

L’épisode aurait pu s’appeler « Punky et les stéréotypes de genre ». Car si Punky Brewster est déguisée en garçon, c’est pour braver l’interdiction qui lui est faite de jouer aux mêmes jeux que les garçons.

Au delà des tenues colorées tellement 80’s, c’est surtout l’abandon, l’adoption, la jalousie, l’absence, les seins qui poussent, l’intégration, la fierté, l’amitié, l’argent, les premiers émois, qui sont parmi les sujets très sérieux, traités avec humour et tendresse par la série Punky Brewster. Dans cet épisode de 1986, Punky va se battre pour avoir le droit de jouer avec ce que les garçons considèrent comme leur domaine de jeu.

Punky est une petite fille de 7 ans qui a été abandonnée par sa mère devant un supermarché. La vie et son chien Brandon l’emmènent chez Henry, photographe et veuf, 60 ans, qui est aussi gérant de son immeuble. Après moultes épisodes et péripéties, Henry adopte légalement Punky.

Dans ce quinzième épisode de la saison 2, Punky participe à un concours, et un tirage au sort lui fait gagner, par erreur, un cadeau initialement destiné à un garçon : une voiture radio-commandée à monter. Le premier réflexe d’Henry est de penser que ce jouet n’est pas du tout pour une fille.
Heureusement, l’amie et voisine Betty, insiste pour que Punky puisse garder et profiter de son jouet, et Henry se finit par accepter.

Punky prouve qu’elle peut monter sa voiture comme un garçon ET l’utiliser parfaitement. Ce qui rend Henry fier d’elle.

Un voisin M. Massey, organise des courses de voitures pour les copains de son fils, et Punky aimerait y participer.
Elle s’y rend avec son ami Alan. Mais Punky se prend des moqueries sexistes en pleine face. Massey refuse de la laisser jouer avec les garçons.

Punky rentre raconter sa injustice à Henry, qui se révèle plutôt pour, les activités genrées pour les enfants. Déçue, Punky se retourne alors vers son instit Mike, pour aller convaincre Henry de prendre sa défense, mais Henry non seulement résiste, mais il trouve que Punky est en âge de se féminiser et que les garçons ont bien le droit de jouer sans filles. Avoir le droit de jouer sans filles oui, les discriminer non. Punky ne se laisse pas faire.
Elle est espiègle, indépendante, intelligente, et surtout pugnace. Elle décide de ne pas laisser exclure, et pour cela, elle se déguise en garçon. Elle est accompagnée par son amie Cherry qui joue le jeu elle aussi. Les filles déboulent voir les garçons pour s’amuser avec eux chez M. Matsey, qui organise une course. Les filles surjouent les petits mecs virilistes pour s’intégrer : finalement, il suffit d’avoir les codes pour intégrer un groupe.

Punky s’amuse, elle joue à fond le petit garçon, mais, elle se dévoile maladroitement. Une fois démasquée, elle affronte immédiatement le rejet des garçons.

Heureusement, Henry, qui venait d’arriver, prend enfin la défense de Punky, et elle peut finalement participer à la course. Et elle la gagne !

Henry représente bien évidemment l’amérique traditionnelle. Il souhaite de Punky « se féminise enfin », mais elle n’a que 8 ans ! Que peut-on féminiser chez une petite fille d’à peine 8 ans ?

Il ne pense bien-sûr pas à mal, mais il montre à quel point genrer les jouets des enfants, et donc leur éducation, ne sert qu’à les diviser, et à les limiter dans leurs capacités personnelles. En bravant l’interdit, Punky apprend l’émancipation.

Le sujet de l’éducation genrée des enfants est tellement rare dans les sitcoms ou les séries. Mais Punky Brewster fait partie de ces personnages, après Laura Ingalls par exemple, qui incarnent le girl power avant l’heure, cette forme de résistance face aux stéréotypes de genre qui empêchent les filles de recevoir la même éducation et donc le même avenir que les garçons. Ces stéréotypes de genre jalonnent notre vie, et nourrissent nos traditions. Ils ne sont pas mauvais en-soi s’ils n’entravent pas la liberté de se construire, de s’épanouir.
Malheureusement, et parce que le conformisme est rassurant, les stéréotypes de genre deviennent souvent des injonctions : les filles doivent se comporter comme ci, les garçons doivent faire cela, les femmes sont jugées comme ci, et les hommes sont jugés comme ça.

La chaine américaine NBC a fait un pari audacieux, en 1984, de miser sur la très jeune Soleil Moon Frye, pour porter une sitcom familiale, qui prend déjà le risque d’aborder beaucoup de thème sensibles liés à l’enfance. Un double pari réussi, qui a laissé son empreinte dans les années 80 avec 88 épisodes, et qui je l’espère, a donné du courage et de l’espoir aux téléspectatrices.



Thèmes : - - -

Réagir sur / Comment on Facebook - Twitter / X (.fr) - Twitter / X (.eng)