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(Petit) État de l’union américaine en 2012

Par rodmann, dimanche 6 janvier 2013.

« Obama se déclare pour la première fois en faveur des mariages homosexuels » rapporte le Huffington Post [1] le 9 Mai 2012. Au moment où « une trentaine d’Etats ont en revanche adopté des amendements constitutionnels limitant le mariage à une union entre un homme et une femme », le président des États-Unis Barack Obama déclare sur ABC « Pour moi, à titre personnel, il est important de dire que je pense que les couples du même sexe doivent pouvoir se marier ». Alors qu’il est déjà en campagne pour son deuxième mandat, il suit la cour d’appel fédérale de San Francisco, qui a jugé trois mois plus tôt « que l’interdiction pour les homosexuels de se marier en Californie était anticonstitutionnelle ».

La prise de position d’Obama prend une ampleur conséquente. Il fait la Une de Newsweek qui l’appelle « Le Premier président gay », tout comme il « décrivaient Bill Clinton comme le "premier président noir " ». Le président américain a poussé Mitt Romey vers sa Droite sur les sujets sociétaux, comme l’explique Libération [2], mais au final « les deux candidats s’étant surtout affrontés sur l’économie, comme l’a montré le premier débat télévisé ».

Des cours suprêmes :



Il faut se rappeler avec la Dépèche [3] qu’en Mai 2008, la Cour Suprême de Californie avait autorisé le mariage pour les couples de même sexe, mais que la Proposition 8 du dernier referendum pour s’y opposer est passée (Les Échos [4]), mais aussi Le Point [5].

En fait, la population est de son côté [6] : « un tiers s’y oppose formellement. Obama ne courait donc pas un grand risque politique en dévoilant son opinion ». « Mais le premier président de couleur risquait de s’aliéner une partie de l’électorat noir, qui a joué un rôle déterminant dans son élection en 2008 » analyse La Presse [7]. Pourtant les mentalités évoluent aussi comme le note Jeune Afrique [8] et le montre Obama Boy [9], un jeune acteur noir qui a fait un clip vu par 25 millions d’américains en faveur d’Obama [10].
Sur le terrain, pour les Scouts américains, le « don’t ask don’t tell » vaut toujours, nous rapporte Terra Femina, [11], alors que dans le même temps, « Les soldats en uniforme autorisés à défiler dans la "gay pride" », et ce « moins d’un an après que l’armée américaine a levé l’interdiction des soldats ouvertement homosexuels dans ses rangs », selon Le Nouvel Obs [12], L’Express [13], Au Féminin [14] ou Le Figaro [15].

En Juin, L’Obs [16] nous informe que « Un tribunal élargi de la 9e cour d’appel fédérale a refusé mardi de réexaminer le dossier de l’interdiction du mariage homosexuel en Californie, ouvrant la voie à un recours des partisans de cette interdiction devant la Cour suprême des Etats-Unis », ce qui pourrait avoir pour effet de d’annuler la Proposition 8.

Dès juillet, nous apprenons par l’AFP via Google [17] que c’est en automne que la Cour Supreme fédérale sera saisie, par « un groupe bipartisan d’élus de la Chambre des représentants, à majorité républicaine », et que « sa décision scellerait le sort du mariage gay dans tous les États américains ».

En attendant, « Un membre du Congrès des Etats-Unis, Barney Frank, a épousé samedi soir son compagnon de longue date. Il devient ainsi le premier parlementaire américain à contracter un mariage homosexuel. », et ce, en présence de cadres Démocrates comme Nancy Pelosi ou John Kerry, nous informent la Tribune de Genève [18], France24 [19], Le Point [20]. Quelques mois plus tard « Tammy Baldwin est la première sénatrice ouvertement homosexuelle de l’histoire américaine » signale Le Matin [21], 7sur7 [22] ou Le Figaro [23].
Anderson Cooper, journaliste vedette de CNN se révèle aux téléspectateurs américains, a repéré Yagg [24] « la visibilité est une chose importante, bien plus importante que la préservation du bouclier de confidentialité autour de mon travail de reporter ».

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Des entreprises politiques :



L’entreprise américaine Google, se lance dans la politique avec une campagne « Legalize love » nous apprend Terra Femina [25], d’abord en Pologne et à Singapour, puis « ensuite élargie dans les 60 pays dans lesquels Google dispose d’un bureau ». Un autre gafa, Jeff Bezos le milliardaire fondateur d’Amazon, donne 2,5 millions de dollars aux militants pro-mariage de l’État de Washington, après Bill Gates et Steve Balmer nous informe Radio-Canada [26]. Et puis aussi Nike, Starbucks, General Mill, présents aussi dans l’État, en soutient au gouverneur « Chris Gregoire, [qui] a promulgué une loi légalisant l’union des couples de même sexe, qui devait entrer en application en juin » [27].

Où si situe le curseur entre militantisme et placement de produit ?
« Pour mener campagne, les activistes ont besoin d’argent et font appel aux entreprises, qui sont alors appelées à se positionner. Ce fut notamment le cas en 2008, lors du référendum sur le mariage gay en Californie. De nombreuses entreprises avaient alors soutenu financièrement les associations pro-gay, comme Apple qui leur avait donné 100 000 dollars. » ajoute France 24 [28], serait-ce simplement « un moyen pour les entreprises soutenant les unions gay de courtiser les homosexuels, qui représentent un pouvoir d’achat de 800 milliards de dollars » ou « Une question générationnelle » comme le dit Frédéric Martel ?

Cas inverse, la chaine de restauration rapide Chick-Fil-A, « gérée par une famille baptiste très à cheval sur la religion » [29], qui depuis 2010 « versait des sommes considérables à des lobbies antigay, dont l’infâme Exodus International, un organisme qui promeut les pseudo-conversions d’homosexuels en bon pères et mères de famille chrétiens », et 360 [30] raconte aussi l’affrontement pour ou contre le mariage ouvert aux homos qui bat son plein en 2012, à tel point que « le maire de Boston, le démocrate Thomas Menino, avait annoncé que « Chick- Fil A n’avait pas sa place » dans sa ville », sur les réseaux sociaux et dans la rue [31]. En réaction, Des files d’attente et des embouteillages devant les restaurants étaient filmés et publiés sur internet alors que 630 000 personnes ont affirmé sur Facebook qu’elles participeraient à une journée de soutien à la chaîne, forte de quelque 1600 restaurants aux Etats-Unis nous dit La Presse [32], Libération [33], Rue 89 [34], Le Monde [35], LCI [36], dont Sarah Palin ajoute 20 Minutes [37] avec le Point [38].

En riposte, « Les homosexuels américains se mobilisaient un peu partout dans le pays vendredi en organisant des manifestations de baisers devant les succursales », selon l’AFP [39] début août, « les organisateurs attendaient au moins 15.000 personnes prêtes à s’embrasser pour une Journée nationale du baiser homosexuel dans tout le pays ». Il faut lire Têtu [40] pour savoir que « Jim Henson Co., le producteur des fameux Muppets, qui proposait un jouet avec certains repas du fast-food, a mis un terme à sa collaboration avec la chaîne et reversé l’argent de la prestation à GLAAD, une association de défense des LGBT dans les médias »


Stratégies :


Il faut lire Slate [41] pour comprendre que contrairement au racisme, l’homophobie n’est pas étouffée, car « les racistes ont-ils été neutralisés politiquement. Ce qui n’est pas le cas des homophobes, en revanche (avant de m’inonder de jérémiades sur l’inadaptation sémantique de l’appellation homophobe, sous prétexte qu’on n’a pas « peur » des gays mais plutôt qu’on n’est pas d’accord avec le style de vie gay, » n’hésitez pas à remplacer le terme par « trou du cul sectaire »).  »

Dans le même élan, la Droite la plus radicale reprend son militantisme contre le droit à l’avortement, mais aussi des Démocrates, comme nous l’explique L’Express [42], « Il y a tout un électorat populaire catholique démocrate, avec pour certains une sensibilité anti-avortement. Dans beaucoup d’États, obtenir un avortement est extrêmement difficile. (…) Évidemment, il y a ce petit problème de Dieu, si souvent dénominateur commun des conflits humains. (…) Il y a de grands industriels puritains et rigoristes, mais les positions anti-avortement ou contre l’enseignement de la théorie darwinienne de l’évolution, se rencontrent le plus souvent dans les couches les moins éduquées de l’électorat. Le Tea Party, qui ressemble à un feu de paille politique, avait une base de ce type. Le parti républicain essaye de récupérer ces positions extrêmes et les électeurs qui y croient. »

Pendant qu’Obama se prépare à être réélu, la Droite se durcie : « Avortement, mariage gay, impôts : le programme adopté mardi par le parti républicain est probablement le plus à droite de l’histoire de la formation » nous résume LCI [43].

D’autres scrutins se jouent en même temps nous rappelle Métro [44], « Quatre États seront consultés sur le mariage gai » lors des élections du 6 novembre qui comprennent des référendums. Mais dans les communications de campagne, l’« absence des homosexuels dans les publicités électorales qui les concernent fait débat sur les blogues des militants, dont certains soulignent que c’est contradictoire avec la notion de visibilité mise de l’avant par le mouvement de défense des droits des homosexuels depuis des années. » Le Nouvel Obs [45] nous explique qu’« il ne faut pas effrayer le public, même s’il croise de plus en plus de gays et lesbiennes à la télévision ».

"Les électeurs modérés que nous devons convaincre pour remporter quelques-uns de ces référendums sont quand même ceux qui trouvent les gays dégoûtants", explique Andy Szekeres.

« Il est peut-être temps de réévaluer ces stratégies et y inclure notre famille, celle des LGBT » conclut Bil Browning, militant de la cause gay et écrivain. Une famille nombreuse, car la population comprendrait 3,4% de personnes qui s’identifient « en tant que lesbienne, gay, bisexuel, ou transgenre », selon la rubrique santé (!) du Figaro du 2 novembre 2012 [46]. 120 000 personnes auraient répondu à cette grande étude Gallup sur la sexualité des américains, qui montre aussi que les LGBT+ ne sont pas majoritairement des blancs riches.

Elle [47] ou Terrafemina [48] nous apprennent que la « Californie : 1er Etat à interdire les "thérapies gays" », c’est-à-dire que « aucun prestataire de soin de santé mentale ne puisse prendre en charge un mineur avec l’intention de changer son orientation sexuelle, ni avec l’intention de modifier l’expression du comportement ou du genre, éliminer ou réduire les attirances sexuelles, amoureuses ou les sentiments concernant les individus du même sexe ».

Annette Lévy-Willard analyse pour Libération [49] que déjà pour la réélection de George W. Bush en 2004, « qui avait déclenché une guerre en Irak pour anéantir l’arsenal d’armes bactériologiques qui menaçait le monde. Aucun stock d’armes n’avait été trouvé, et la guerre s’enlisait dans le désert. Pourtant, le champ de bataille électoral s’est vite déplacé autour d’un « drame » national : le mariage gay ».


Des églises :


Derrière le débat politique américain, se cachent comme très souvent les lobbys des puissances églises, c’est Canoe [50] qui nous le dit, en traduisant un entretien paru dans Politico [51], dans lequel Hugh Hefner, l’éditeur du magazine Playboy, « La bataille pour le mariage gay est, en réalité, un combat pour nos droits à tous. Sans ça, nous allons retourner avant la révolution sexuelle et revenir au puritanisme. Leur but est de déshumaniser la sexualité de tout le monde et de nous réduire à la pratique du sexe pour la reproduction. Et c’est là que ça risque de criminaliser toute votre vie sexuelle ».
Le Nouvel Observateur [52] livre le témoignage d’un prêtre « violemment de gauche » au Kansas, un État très Républicain, qui ne peut pas « soutenir ouvertement Barack Obama ». Pour Le Figaro [53] « Les chrétiens, notamment noirs, se mobilisent au côté du Parti républicain contre le mariage gay (…) "Nous voulons tous être respectueux, nous avons tous des amis homosexuels. Mais cela ne veut pas dire que nous soyons d’accord pour redéfinir le mariage, une institution millénaire !" ».

L’année 2012 s’annonce pleine de promesses malgré les difficultés juridico-politiques américaines, et inspire de nombreux artistes comme Tom Vasquez [54].

A tel point que Slate [55] nous propose de croire en Novembre que « Les Homos ont fait gagner Obama ». Heu… pas tous seuls.


le mariage ouvert aux homosexuels rejoint l’avortement au centre des débats entre Démocrates et Républicains, un thème plus facilement clivant que le contrôle des armes ou la peine de mort.


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Notes et bibliographie :



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